La musicalité, c’est savoir interpréter et exprimer la musique avec le corps. Pour cela, il faut être à l’écoute du son. C’est un élément capital en danse, peu importe le style qu’on pratique.
Mais comment être musical ?
Comprendre la musique
Tout d’abord, il faut savoir qu’une musique a un tempo, soit une vitesse particulière, qui définit la rapidité à laquelle on danse. On peut jouer avec ce tempo, comme décider d’aller en opposition avec celui-ci, en faisant des mouvements lents alors que la musique est rapide par exemple.
Une musique a aussi sa propre tonalité, à prendre en compte lorsqu’on danse. Si c’est une musique triste, autrement dit avec une mélodie à la tonalité mineure, on ne s’exprimera pas de la même façon que si c’est une musique joyeuse, à la tonalité majeure.
Enfin, une musique possède plusieurs couches de sons distincts. Ces couches peuvent être de 5 catégories différentes :
Les temps : une musique binaire est composée de phrases musicales de 8 temps généralement (ou de multiples de 2), tandis qu’une musique ternaire possède des phrases musicales de 3, 6, 9 temps, donc de multiples de 3. On peut séparer ses phrases en plusieurs parties dans notre danse.
Les demi-temps et quart de temps : c’est lorsqu’on compte la musique en disant “1 and 2 and 3…” pour les demi temps, ou “1 e and a 2 e and a 3…” pour les quarts de temps.
Le pattern (motif rythmique) : c’est la batterie, composée du kick (la grosse caisse), du snare (la caisse claire), et du hi-hat (le charleston). Un pattern peut durer 4 temps comme 16 temps selon les musiques. C’est une boucle : une fois terminé, il recommence.
Les autres sons : ce sont les mélodies et rythmes d’instruments qui s’ajoutent par dessus et qui vont enrichir et complexifier le son.
Les paroles : c’est l’histoire derrière la musique, sur laquelle on s’appuie pour incarner un personnage quand on danse. En plus des lyrics, on peut retranscrire dans ses mouvements les paramètres de la voix, autrement dit son débit (vitesse), sa hauteur (aigu ou grave), et son intensité (fort ou faible).
Comment être musical ?
Vous l’aurez compris, la musique nous guide et nous inspire pendant notre freestyle. Notre interprétation de la musique est aussi unique. On aura jamais la même façon d’exprimer la musique, de choisir les couches et les mouvements pour les illustrer. La musicalité reflète donc notre identité dans la danse.
Pour être musical, il est important de prendre le temps d’écouter la musique. D’abord avant de se lancer, mais aussi pendant qu’on danse. En battle, il est commun que les danseurs refusent de passer en premier parce qu’ils ne connaissent pas la musique. Ils veulent l’écouter et s’en imprégner pendant que l’adversaire passe.
Il est également recommandé d’écouter des genres différents, pour entrainer notre oreille à être à l’aise peu importe la musique. Avoir une écoute variée aide à comprendre et ressentir la connexion qu’on a avec le son de façon naturelle. Mon prof Baloo nous conseillait d’écouter du jazz, un bon entrainement pour l’oreille car les instruments et patterns sont riches.
L'avis de grand danseurs
Dans son interview pour Sweep, Yugson, pionnier du hip hop français, explique que la musicalité est difficile à théoriser car elle est propre à chaque personne, intime. Comme on a tous des émotions différentes, certains sons nous touchent plus que d’autres. Selon les musiques qui passent, on est plus ou moins musical. Autrement dit, on va plus ou moins réussir à toucher le public avec l’émotion qu’on ressent de la musique. Développer sa musicalité est ainsi très personnel et prend un temps différent selon les personnes.
Lorsque Poppin’C, popper suisse de renom, parle de musicalité avec RedBull, il mentionne certains danseurs qui aujourd’hui ont tendance à apprendre les sons par cœur, connaître tous les motifs de batterie. Ca relève de la mémorisation et de la technique, et le danseur est alors capable de retranscrire le moindre son, de “tuer le son” comme on dit. On s’éloigne alors du ressenti, de la connexion avec la musique et du groove qu’implique la musicalité à la base. Ce genre de danseurs sont de vraies machines, mais qui, face à une musique inconnue, ont beaucoup plus de mal à être musicaux car ils ne ressentent pas la musique.
Exercices de musicalité
Souvent on entend et on comprend des sons de la musique qu’on est pas forcément en mesure de reproduire avec le corps. Il y a un décalage entre l’écoute et le corps, comme si notre cerveau n’arrivait pas à envoyer les informations assez vite à nos membres pour les bouger de façon précise sur la musique.
Une façon de travailler cette connexion entre l’oreille et le corps est de commencer petit selon Nickel Yudat. On retranscrit d’abord la musique avec les mains, pour avoir un meilleur contrôle de ce qu’on fait et être plus précis sur la musique. Puis on s’exprime avec tout le corps en utilisant des petits mouvements. Enfin, on interprète la musique avec des mouvements larges comme petits, dans notre façon naturelle de danser. Cette approche progressive permet de gagner en précision et en justesse sur la musique.
En ce qui concerne mon entrainement personnel, en cours de freestyle, mon prof Baloo me laissait 2 fois 8 temps pour enregistrer tout ce que je pouvais de la musique, avant de me lancer. J’avais alors un temps limite, typiquement 4 fois 8 temps, pour retranscrire 2,3 puis 4 couches de la musique. Il passait aussi du temps à me montrer les couches de son avec les mains pour que je puisse les détecter plus facilement.
Mon interprétation de la musique
Pour finir, dans la vidéo ci-dessous, je vous explique comment moi je perçois la musique et ce que je prend en compte dans ma danse. Je vous décortique aussi les différentes couches d’une musique avec les mains, puis avec tout le corps, pour que vous puissiez mieux comprendre ce que je voulais dire plus haut. Enjoy ! 😊
Super clair ! En plus avec la vidéo ça permet de bien tout comprendre, merci pour tes explications !